Presque rien, et pourtant, : pas rien. Un quelque chose, et cependant, seulement un tissu formé d’espaces creux et de parois très subtiles. (…) C’est l’écume telle qu’elle se montre dans l’expérience quotidienne. (…) Si la vie a un effet de constitution d’espaces infiniment divers, ce n’est pas seulement parce que chaque monde a un environnement à soi, mais plus encore parce qu’il est imbriqué avec d’autres vies et qu’il est composé d’innombrables unités. Ecumes, Sphérologie plurielle, Peter Sloterdijk, 2003, troisième tome de la série Sphères.
En m’appuyant sur le travail théorique de Peter Sloterdjik dans Ecumes, Sphérologie plurielle, édité en 2003, j’ai amorcé une réflexion autour de la matière si particulière de l’écume de la mer, que je perçois comme la métaphore du monde : un ensemble de bulles, d’espaces fragiles qui se côtoient et s’entremêlent.
Aristote décrit la Terre comme une masse sphérique et immobile, qui ne permettrait à aucun autre monde de prétendre à l’existence. Et si je décidais de décortiquer cette sphère ? Une collection infinie de mondes apparaît à toutes les échelles. Ils cohabitent et créent un ensemble dans lequel nous nous trouvons, humains, petits points mouvants sur le globe.
Dans chaque grain de sable, dans chacune des fragiles bulles de l’écume qui composerait l’ultime limite entre la Terre et la Mer, pourraient se cacher des mondes, invisibles à l’oeil nu. Dans l’ensemble de mon travail, je tente de les révéler sur la pellicule puis sur le papier pour les partager.